lundi 28 février 2011

Les gaz de schiste ? Quand ce gâchis a-t-il commencé?

Comme mes concitoyens, je vis depuis des mois maintenant avec le gaz de schiste, plongé dans une odeur nauséabonde de mal gérance, d'improvisation, d'incurie. Dans ce climat malsain, contre cette pollution de la notion même de gouvernance, malgré des lois censées les protéger, des citoyens s'engagent, cherchent et trouvent, s'impliquent, se lèvent, contestent.

Pour moi le gâchis a commencé à St-Hyacinthe. Montréalais importun, je me suis présenté aux portes de cette assemblée où des citoyens exaspérés demandaient de véritables réponses à leurs questions. À ce moment, j'ai cru que le gâchis provenait uniquement de l'incurie de ceux qui disent nous gouverner. J'avais déjà manifesté devant les locaux de Gaztem avec le foudroyant Vaillancourt. Devenu abatteur des colonnes du temple à St-Hyacinthe, il pourfendant les industriels. Il avait compris ce que je n'avais pas encore saisi. Ce gâchis était aussi le fait d'une industrie qui partout où elle débarque s'assure de la coopération des gouvernements, fait miroiter des millions, se fait céder, comme en France, des milliers de kilomètres carrés de droits gaziers en catimini.

Le film Gazland nous a tous mis la puce à l'oreille et m'avait ameuté. Après la tempête des assemblées publiques, je me suis présenté au BAPE. Entre ce qu'affirmait Gasland et les propos des industriels, présents devant nous comme des experts crédibles de cette commission, il y avait un hiatus qu'il fallait expliquer. Curieusement, devant cette commission, le territoire d'implantation de cette industrie n'était jamais nommé pour ce qu'il est. Le BAPE ne nous a jamais présenté la carte des usages du sol dans la vallée du St-Laurent superposée à celle des permis émis. On nous montré des plans en coupe de la géologie insistant sur le fait que le shale d'Uttica était très profond, ce qui éliminait les risques de remontée des gaz et des fluides de fracturation. On nous a dit que les puits bien formés, de façon exemplaire au Québec au contraire de ce qui se passe ailleurs, surveillés par MRNF, seraient parfaitement sécuritaires. Tous les documents des ministères et des agences insistant sur ce fait : les normes du ministère assurent et assureront l'étanchéité des puits. Pas très convaincu, comme mes concitoyens, je me suis plongé dans la documentation.

L'industrie nous accuse de trouver de la documentation auprès des organismes qui contestent ses activités. Elle a raison, mais cette documentation ne vient pas nécessairement des contestataires eux-mêmes. Souvent le fait d'experts, ces études contredisent les dires de l'industrie. La première étude qui m'a frappé est celle d'Hazen et de Sayer. Elle montrait que la fracturation hydraulique pouvait induire ou réactiver des failles dans le sous-sol et conséquemment contaminer les nappes phréatiques. Cette étude circonscrivait une bonne partie des impacts environnementaux de l'industrie. Une bonne partie de ce qu'affirmait Gasland était chiffré, démontré, expliqué. Il y avait une autre vérité que celle des ministères et de l'industrie. J'ai donc présenté ce document au BAPE. Le président s'est empressé de me demander : « c'est une étude scientifique? » J'ai répondu un oui sincère. Il l'a ajouté à la documentation du BAPE en son nom et non en mon nom. Je ne sais pas pourquoi? Depuis, la plupart des études qui contestent un tant soit peu les dires de l'industrie ont été déposées par des citoyens. Le BAPE semble être incapable de trouver ou de présenter des études indépendantes qui contredisent les affirmations l'industrie ou du MNRF, et pourtant elles existent.

J'ai hésité à présenter un mémoire. Il était évident pour quiconque s'est un tant soit peu renseigné, et je le dis, nous sommes des centaines à avoir cherché une certaine vérité, que le temps alloué au BAPE était trop court. Son mandat, même tronqué, ne pouvait être rempli dans le temps allouée. Comment le BAPE peut-il étudier pendant des mois les conséquences de l'érection d'une usine à Jonquière et dans ce même laps de temps se prononcer sur une industrie complexe et polluante? L'exploitation d'un seul site de forage demanderait une commission complète du BAPE! Comment décréter la réglementation d'une activité dont on ne connait pas les conséquences exactes sur la santé et l'environnement? Pour la seule question de l'eau, il faudrait commander une étude aussi coûteuse et approfondie que celle de l'EPA. Le BAPE devrait engager pendant des années temps et argent à des études sur la pollution de l'air, sur la sécurité des puits, sur les impacts sociaux, sur le bilan économique de cette industrie. J'ai pourtant décidé de présenter un mémoire dans le temps très court qui m'était alloué. Je me suis mis à la tâche, parce que pour moi le point essentiel de cette exploitation n'était pas seulement qu'elle était potentiellement polluante, mais qu'elle se produisait sur 60% de nos terres propices à la culture. J'ai commis une mini étude d'impact sur la région du Centre du Québec. Dans ce mémoire, j'affirme comme d'autres la nécessité d'études approfondies sur le comment et le pourquoi de cette industrie. De plus, je demande des études d'impacts cumulatifs sur chacune des régions visées, suivies d'un référendum municipal, local ou régional. J'ai insisté pesamment sur le fait qu'il ne fallait pas compter le nombre de puits qui peuvent fuir théoriquement, mais sur la proportion de puits qui fuient effectivement en Pennsylvanie, dans l'état de New York, au Colorado. Les risques de la fracturation hydraulique doivent être évalués en fonction de la valeur de ce qui est risqué, soit les principales terres agricoles du Québec, la population qui vit dans la vallée du Saint-Laurent, l'eau qu'ils consomment, l'air qu'ils respirent. Pour moi, le projet d'exploitation du gaz de schiste selon la technique de fracturation hydraulique ne fait pas sens dans le contexte d'une agriculture qui se vent plus biologique, dans un milieu agricole où le gouvernement lui-même demande de plus en plus des pratiques de culture écologique. Ce projet est d'autant plus incohérent que sa rentabilité n'a pas été démontrée. Cependant, je laissais une dernière chance à l'industrie, au BAPE et au gouvernement. Ce temps est passé.

Les fuites des puits constatées, soit 3 puits sur 30, 10% des puits, ont confirmé mes doutes. Selon moi, des accidents, des incidents et des males façons sont inévitables étant donné la fréquence et la complexité des opérations de fracturation. De par sa nature même, la fracturation hydraulique ne peut se faire « correctement ». Elle ne s'est jamais faite « correctement » ailleurs. Même avec une règlementation musclée et une volonté inflexible du gouvernement de surveiller de près cette industrie, volonté qui n'existe pas par ailleurs dans les faits, j'ai la conviction que des puits de deux ou trois kilomètres de long ne peuvent êre cimentés « correctement » sur toute la surface à tout coup. Comme ailleurs aux États-Unis, ces ouvrages se dégraderont nécessairement au bout de quelques dizaines d'années. Il m'apparait évident que la technique de fracturation, qui est le moteur technique de cette industrie, modifie de façon permanente et irréversible la géologie et l'hydrologie du sous-sol, tout en ne retirant que 20% de la ressource, laissant l'autre 80% peut-être inexploitable. Elle injecte dans le sous-sol des milliers de tonnes de produits chimiques, dont on ne sait rien du comportement à long terme.

C'est à l'industrie de prouver hors de tout doute qu'elle ne pollue pas l'environnement. Mais il est d'ores et déjà très clair que les produits chimiques introduits dans l'environnement sont des polluants potentiellement dommageables pour la santé humaine. Nous ne connaîtrons jamais la conséquence d'une opération de fracturation hydraulique massive sur le sous-sol de la vallée du St-Laurent à moins de la réaliser. Notre connaissance réelle de la géologie et de l'hydrologie étant somme toute assez faible, on ne peut prédire correctement et avec une absolue certitude ce qui arrivera une fois l'ensemble du sous-sol de la vallée du Saint-Laurent fracturée. Le principe de précaution s'applique en l'absence d'une telle certitude. C'est ce que le président de l'arrondissement de Manhattan appelait the « Uncalculated Risk», parlant de la protection de l'aire d'approvisionnent en eau de la ville de New York. Or les zones visées sont les zones d'approvisionnent en eau des populations en plus d'être des zones de production agricole que l'on voudrait écologique. Si le président de l'arrondissement de Manhattan peut se prononcer sur cette industrie, en raison des graves incertitudes sur son impact, je crois que les citoyens de la Vallée du Saint-Laurent le peuvent aussi. La fracturation hydraulique est une activité polluante et dommageable pour l'environnement social et communautaire qui doit tout simplement être bannie de la vallée du Saint-Laurent et probablement dans tout le Québec. D'ores et déjà l'implantation de cette industrie contredit la loi sur le développement durable, la loi sur la qualité de l'environnement, la loi sur la qualité de l'eau. Et que fait le gardien de ces lois? Le BAPE recommandera peut-être la création de projets pilotes de forage, mais comment garantira-t-il aux populations touchées que les conséquences seront nulles à court et à long terme, si elle réalise en même temps le forage et l'étude de ses conséquences ?


La lecture d'un article sur l'économie des gazières balaie mes derniers doutes sur la pertinence de l'implantation immédiate de cette industrie dans la Vallée du Saint-Laurent. Dans cet article on affirme clairement que l'industrie produit à perte parce que les gisements de shales se révèlent moins productifs que prévu. Les zones de très forte production avoisinent des poches de production médiocre. Les supposées réserves de gaz pour 100 ans se réduisent au dixième de cette durée. Pour maintenir la valeur de leurs actions, les compagnies annoncent continuellement des nouvelles découvertes de gaz. La valeur des actions des actionnaires est en chute libre, tout comme les prix du gaz. En somme, l'exploitation est à perte pour les actionnaires, les compagnies, et surtout pour tous ceux qui en subissent les ratés. Le bas prix des gaz de schiste est la conséquence d'externalités de pollution qui ne sont pas incluses dans le prix de la ressource, prix qui freinent l'essor des énergies renouvelables.

Le visionnement du film Au courant m'a montré la source de ce gâchis. Elle se trouve dans l'attitude des Bouchards et des Caillés qui ont mis dès 1996 la hache dans la politique d'énergies renouvelables du Québec pour favoriser le gaz et des centrales électriques de plus en plus coûteuses. Ils sont encore là les Bouchard, les Charests, les Caillés à promouvoir leurs idées dépassées et contre-productives, ce sont ces politiques qui détruisent actuellement la rivière Romaine. Ceux qui nous montrent la voie de l'avenir ce sont les Belisle, les Roy, ils sont de véritables visionnaires. Le grand projet du Québec, en conséquence de la fin de la possibilité d'harnachement des rivières, est de se tourner vers les énergies renouvelables, résolument.

Il y a quelques jours, je suis descendu à Québec pour déposer la pétition du gaz de schiste. Pendant qu'Amir Kadir lisait la pétition initiée par Marie-Hélène Parant et signée par 128,000 citoyens Jean Charest, baissait la tête, lisait et annotait des documents. D'aucune façon, lui ou son gouvernement, dans leur réponse à l'Assemblée nationale, n'ont accusé réception de la volonté des citoyens. Par cette pétition s'exprimaient des milliers citoyens, des syndicats, des groupes écologiques et surtout des groupes de citoyens disséminés dans l'ensemble de la vallée du Saint-Laurent. Le seul souci de jean Charest semble être de battre au jeu de la politique politicienne son adversaire Pauline Marois et non d'être à l'écoute des citoyens qui seront les utilisateurs-payeurs de cette industrie.

La découverte des gaz de shale est une bonne découverte. Personne ne conteste la valeur de ce gisement. Mais il se trouve sous nos meilleures terres agricoles et son extraction implique l'utilisation d'une technique inefficace et polluante, fortement perturbatrice des milieux visés. Il faut en tenir compte et faire un temps d'arrêt qui peut-être long. Pendant ce temps, la ressource ne peut qu'augmenter de valeur. Il faut amorcer la véritable révolution qui nous attend : celle des énergies renouvelables. Faire de chaque ferme, de chaque résidence une source de production d'énergie. Nonobstant la volonté d'Hydro-Québec et de ceux qui veulent à tout prix favoriser les intérêts de l'industrie de la construction. C'est la seule voix raisonnable qui s'offre à nous. Les membres des chambres de commerce et les industriels ont tout intérêt à adhérer à la vision des écologistes, elle sera bien plus productive en termes d'opportunités d'affaires et de retombées économiques durables pour le Québec que la très risquée aventure des gaz de schiste.

Claude Paré

mercredi 26 janvier 2011

Le vrai prix du gaz de schiste

Ci-joint une offrande à Lucien Bouchard pour lui faire connaître ce que l'industrie ne dit pas, et qu'il ne sait peut-être pas encore. Dans ce témoignage, Monsieur Appleton, un ex-comissaire du DEP NY, montre que le bas prix du gaz de schiste vient du fait que les externalités (pollution, usure des infrastructures, désagréments de toute sorte) ne sont pas assumés par les compagnies. Le bas prix du gaz entre en compétition avec les formes alternatives d'économie d'énergie, ce qui ne serait pas possible si elle assumait l'ensemble des inconvénients qu'elle produit.

Albert F. Appleton

INFRASTRUCTURE AND ENVIRONMENTAL CONSULTANT

WRITTEN TESTIMONY FOR

Subcommittee on Energy and Mineral Resources Oversight Hearing
?Unconventional Fuels, Part I: Shale Gas Potential��

1334 Longworth House Office Building


June 4, 2009 10 A.M.

Good Morning, Mr. Chairman, Committee Member

I am honored to appear before this Subcommittee to testify on this issue. At one level, the issue the Committee is addressing appears simple,what is the appropriate level of environmental regulation But to address the potential of shale gas and, indeed, the other unconventional fuels the Subcommittee will be reviewing requires a rigorous approach to the underlying economics of this issue. I hope this testimony will assist the subcommittee in doing so.

Should shale gas drilling be subject to the normal requirements of good environmental housekeeping? The industry argues that this would be "overregulation" and that it would economically undermine the future of shale gas extraction. Yet at the same time, when touting shale gas, the industry promises annual revenues of many billions of dollars to state governments and local landowners, and describes shale gas as an asset ultimately worth trillions. With projected cash flows of these levels, the claim that the natural gas industry cannot afford the costs of meeting basic environmental housekeeping standards, costs every other American industry, most of whom are far less profitable than shale based natural gas, routinely pay, is not a claim that survives even the most rudimentary due diligence.

The industry also argues that shale gas extraction is environmentally safe. This is also a claim that challenges basic common sense. Shale gas extraction is dependent on hydraulic fracturing; also know as fracking, a process of using high pressure injection of sand in water to fracture the shale formations and release the natural gas trapped in the
shale. But sand added to water merely sinks to the bottom. What must also be added is some liquid with the same specific gravity as sand to hold the sand in solution so that it can exert its fracturing force. As has been widely documented, these fracking fluids use a witches brew of toxic chemicals, nearly all of which are intrinsically hazardous to the environmental.

Why are they so intrinsically hazardous to the environment? The answer is simple: these compounds do not biodegrade. Once in the environment, they stay in the environment. Most of them bioaccumulate. The remainder volatize, removing them from water and land, but adding them to the atmosphere where they become contributors to global warming. The only way to protect the environment, and particularly water resources, is to prevent their introduction into the environment. Streams have no capacity to absorb these compounds; dilution is the only solution for their pollution. And because these compounds are toxic in such minute amounts, streams very quickly reached their capacity to safely dilute such compounds.

So how does fracking introduce these compounds into the environment?
There are three ways.

First, fracking leaves a significant portion of the fracking fluid underground, where it is free to migrate into groundwater. The industry argues that fracking, particularly in the East, takes place at depths so far below aquifer layers that fracking presents no threat to underground water resources. Unfortunately, there are three qualifications to that reassuring conclusion. The first is that currently there is no standard based assessment of the underground hydrology required before a site is chosen for fracking. So what one has, in effect, is underground injection of wastes without any the safeguards of permitted underground injection.

The second qualification is that the industry position assumes that, as the concrete casing is drilled through the water bearing strata, it is properly drilled and maintained so its integrity is not breached, allowing fracking materials to pollute the water. To insure this, far more oversight of the drilling process is needed than takes place now.

And the third qualification is time. Fracking material may not invade aquifers immediately; it is a process that could take decades. But because those materials do not biodegrade, if they can move towards water sooner or later they will get there. And then what? The issue of delayed damages is one that has drawn almost no attention, but it is one that thirty years from now those dependent on aquifer water could passionately and bitterly care about. Time is also the enemy of concrete, yet the requirements for maintaining concrete drilling casings, particularly once a well has ceased to produce, have yet to adequately address the question of long term casing integrity. .

The second way fracking materials can enter the environment, particularly the water environment, is through surface spills. There are three sources of such spills, unplanned irruption of underground liquids, including fracking materials, to the surface; poor housekeeping; and surface floods. Fracking liquids, and the materials for them, are typically stored in open lagoons, a practice that should end in favor of off the ground, corrosion proof tanks. It should be remembered that so far shale gas extraction has operated largely on the flat, arid, sparsely populated, often publicly owned lands in the West. As shale gas extraction moves into the hilly, rainfall abundant, densely populated and privately owned East, only proper regulation and a far different standard of care can avoid an inevitable disaster.

One of the key elements of those regulations must be stormwater management, an issue that in many jurisdictions is avoided by keeping the size of the actual drilling pad to less than five acres and is exacerbated by the Clean Water Act exemptions from stormwater permitting for oil and gas production.

The third way fracking materials can enter into the environment is through the disposal of used fracking liquids. Though a significant portion of fracking material will remain underground, an even larger portion returns to the surface presenting critical problems of waste disposal. The industry has done everything from spreading these liquids on the road as deicers, to
depositing them in streams, to putting them through normal sewage treatment plants. None of these are acceptable practices. The enormous loophole for oil and gas waste in the Resource Conservation and Recovery Act (RCRA) needs
to be replaced by a positive program that insures fracking materials will receive proper disposal.

The path that needs to be taken is to put waste fracking materials through an industrial strength hazardous materials treatment facility and then to properly dispose of them through a properly and strictly enforced program
of planned and hydrologically safe underground injection. Though many advocate allowing discharge of hazardous material treated effluent into streams under carefully controlled limits, any disposal of treated fracking liquids in streams needs the most careful study. It must be banned in any areas that are used for water supply purposes because of the threat of
bioaccumulation. Even in other areas, conclusions that treated fracking fluid can be disposed of in surface waters run the peril of misleading the industry as to how much dilution capacity a surface stream has and inducing it to depend on a resource whose limits they will soon exceed.

Though the pollution problems of fracking materials have attracted the bulk of attention with respect to shale gas extraction, they are by no means the only environmental issues that fracking raises. There is air
pollution, from a combination of using diesel powered equipment, an enormous volume of drilling related truck traffic and the venting to the atmosphere of a number of gases, including methane. Then there is the question of where will the shale gas industry get the water for the fracking process? Even if one uses the industry numbers for the amount of wells that will be drilled, in absolute terms the amount of water fracking will need is not outlandish. But that conclusion scants some
critical complexities in terms of local impacts. First, the volume of water needed for a single fracking event, two to ten million gallons, can have a huge impact on local tributary streams. Second, the timing of suchwithdrawals can be critical in terms of issues such as fish spawning and maintaining the natural annual pulsing of stream flows to which the stream
ecology is adapted. Third, water withdrawals that could be acceptable in wet years may not be acceptable in dry ones. Fourth, if the industry shifts to groundwater use, those withdrawals could have significant effects on
groundwater aquifers that are providing base flows for surface streams. And finally, water withdrawals from any stream that is receiving discharges of treated fracking fluids must be coordinated with discharge planning so that
the reduction in the dilution capacity of the stream is reflected in the amount of discharge allowed.

If water withdrawal for fracking purposes by natural gas drillers is to proceed in an orderly and ecologically responsible manner, a prope regulatory and planning framework needs to be created.

Here a pause to take note of industry claims that state regulation will be sufficient is particularly appropriate. Both the issues of discharge of treated fracking fluid waste, and the issue of water withdrawals are not just local ones. Many streams traverse more than one state making common rules for interstate situations essential if development is to proceed in an
orderly manner and if a race to the bottom to avoid the requirements of good environmental housekeeping is not to be created.

Two other issues of environmental impact and cost externalization will complete the immediate inventory of concerns for this subcommittee should be most aware of. The first is the impact of fracking on the rural landscape, particularly in areas that support water resources. These impacts are both ecological and social. Ecologically, five acre drilling pads, surrounded by larger leased area degraded by drilling support and combined with new pipeline corridors and new or expanded roads mean a landscape transformed from rural to industrial.

Then there are the social impacts of such drilling. These include 24 hour drilling operations, problems of noise, odor, light pollution, greatly increased volumes of truck traffic and road congestion, potential health impacts from the toxic chemicals that fracking operations put into the environment, and the disruption of well based rural water supplies. The landscape transformations from the new shale gas economy undermine rural businesses in tourism, depress the property values of those adjacent to well sites whose property was not leased for oil and gas drilling, and are often incompatible with traditional agricultural business activity.

Many will argue about the level of these problems, dismissing them as few isolated instances, but consider the numbers. Even if only 2% of proposed drilling sites generate some significant adverse impact, on the basis of industry projections of 120,000 drill sites for Pennsylvania and New York alone that would create 2,400 instances of significant impacts. Given
shortages of an experienced labor force and a historical culture that has emphasized production over environmental housekeeping, if the industry expands at the rate the industry projects, one could reasonably expect to see a glitch percentage closer to 5%, or 6,000 adverse impacts in New York and Pennsylvania alone.

All of which points to three conclusions. First, shale gas drilling is completely inappropriate in any area that is a major drinking water source, such as the New York City watershed, the Delaware River Basin, and recharge areas for sole source aquifers.

Second, the above panoply of landscape and social problems can only be addressed by one tool, zoning, which most rural areas currently lack. Such zoning, designed as all zoning is, to minimize the impacts of incompatible uses being placed adjacent to each other, is essential not only to minimize harm to existing countryside residents from fracking, but to
maintaining over the long term, public support for the use of fracking technology.

Finally, it seems clear that a system of impact payments to local rural governments will be needed, to deal with issues like congested road systems, facilities for workforces, adverse impacts on traditional outdoor recreational resources improvements in utility systems and schools and so forth.

In closing this section of my presentation, a word must be said about enforcement, which must be the companion of any restoration of the environmental standards of the Clean Water Act, Safe Drinking Water Act, and of the other new environmental regulations needed to address the above issues.

The Department of Energy's report on Comparative Gas regulation identifies eight separate tasks involved with shale gas regulation. Moreover, because prevention is the only viable strategy for many of these issues, and because of the intrinsic difficulty in monitoring underground activity, it is clear that frequent site visits, a number of which should be unannounced, will be required, not to mention that there are a number of tasks such as supervising concrete work on drilling casings that should be independently supervised and reviewed by regulators at the time they are carried out.

Taking New York as an example, the industry currently projects 40,000 wells will be drilled in the State. If half that number, 20,000 wells are active at any one time, then New York State regulators need a staff adequate to oversee 20,000 wells. Though to offer any precise number of additional regulators that New York will need would depend on too many assumptions to be done casually, it is clear that an adequate regulatory oversight staff for fracking will number in the many hundreds if not larger. When the New York City watershed program was created, it required 400 new staff to cover an areas a tenth of the size of area of the Marcellus and to manage what was ultimately a less complicated environmental oversight task.

Addressing these issues must be the foundation of any successful long term policy towards extraction of shale natural gas. Yet ideally, this would only be the beginning.

The current debate over shale gas extraction is based on an industry approach that assumes the environment is, in economic terms, a cost center, and that the policy issue is to find a balance point where economic activity can be maximized and the costs of environmental compliance minimized. But
this is essentially what should be called, for lack of a better term, the old accounting, in which industry tries, by minimizing its environmental obligations, to externalize as many costs as possible and, by externalizing them, to maximize its profits.

But as a society, what we have increasingly come to recognize is that we want is a new accounting, the accounting of sustainability, where the environment is not seen as a cost center to be avoided to the greatest extent possible, but as a profit center, where environmental stewardship becomes the key to a smooth functioning, profitable industry that maximizes overall public wealth.

The problem with the old accounting is that, while it makes money for some, it costs money for many more. Externalizing costs is, in any free market economy, intrinsically inefficient. It is a form of corporate welfare performed at the expense of all those who must pay the externalized costs, costs that in any full cost accounting system generally wind up being far
greater than the sum of the benefits that come from doing so. For example, the natural gas industry projects New York State will receive a billion dollars in additional annual revenue from shale gas development. However, if such development were to undermine water quality in the New York City watershed, as it undoubtedly would, the cost of building and operating filtration works would be at least 1.2 billion dollars a year. Extend these impacts throughout the state and we have an industry whose profits would depend on an inaction subsidy from New York State's government and the costs paid by state residents would be far in excess of what it would produce for them.

There is an even more fundamental flaw, one that applies nationally, with allowing the shale gas industry to externalize its costs through a lack of environmental regulation or effective enforcement of applicable environmental regulations. The country has made a historical commitment to a green energy economy at all levels of government. Again using New York as an example, electrical power customers in New York State are paying enormous sums as surcharges on their electrical bills to support green energy. But whom does green energy compete with as a source of electricity? It competes with natural gas powered electrical generation. If the price of natural gas is kept artificially low by government's failure to prevent the
externalization of the costs of fracking produced natural gas, then government is undercutting its own green energy policy. The great economist Milton Friedman once did a famed interview where he stood on the D.C. Mall and pointed first to the Department of Agriculture saying, over there well meaning people spend billions of dollars encouraging the growth of tobacco. Then, pointing to the Department of Health and Human Services, he said, and over there equally well meaning people spend billions to fight the health consequences of using tobacco. One of these sets of people, he concluded, is
wrong. If Dr. Friedman were alive today, he would undoubtedly look at our policy of sponsoring green energy while allowing the subsidization of lower prices for its natural gas competitor by externalizing its environmental costs of production, and conclude the same thing. Until we make coal, natural gas and oil production sustainable, we will continue to face that dilemma. Sustainable is the key word. The basic premise of sustainability is that the environment is a profit center, not a cost center, and that the integration of economic development with environmental stewardship is the way to maximize individual and social profit. This is the challenge that the natural gas industry, with its resistance to the ordinary standards of
environmental housekeeping that every other major American industry complies with, is notably failing to address. In clinging to the old accounting of the past, instead of the new sustainable accounting of the future, it is the shale
gas industry that is generating the opposition to its use of fracking and is feeding rapidly escalating political controversy. In orienting the shale gas energy industry towards the past, instead of the future, the Cheney Energy Amendments of 2005 did the industry no favor. The industry should be seeking to make shale gas extraction as sustainable and as green that its advertising and public pronouncements, and as its slogan of clean burning natural gas, implies.

What, briefly, would that sustainable policy look like? It would end the externalization of environmental costs by raising the standards of industry practice. It would develop non-toxic and biodegradable fracking additives. It would recognize that there are critical areas, watersheds, special scenic resources, critical resources for the local economy and densely populated areas that need to be off limits for any drilling. And it would work closely with local stakeholders to develop local zoning and regional planning schemes to avoid disastrous social impacts. So, in the context of this hearing, how important is shale gas extraction going to be for America's energy future. Unless the industry embraces sustainability, the answer is going to be not very. For the last chapter is the drama of green energy versus traditional energy is going to belong to global warming.
We are at an interesting point in political and economic time. The country and much of the world has embraced the idea of a green energy future. But we have not yet faced the full implications of what that means for the existing energy industry.

The basic reality is that over whatever time period we choose to target, total carbon combustion is going to have to drop dramatically, if we are going to avoid the multi-trillion dollars costs of global warming that we are already beginning to experience. Transitions produce these kinds of gaps in understanding. Few things can produce more of a sense of economic
unreality than to read in a business publication like the Economist a rigorous assessment of the prospects for global warming and then find five pages later an article on the new oil play in the Arctic Ocean or in deepwater off Brazil
that totally ignores the impact of global warming policy on hydrocarbon demand and the on the stunted economic return likely on the tens of billions that will have to be invested to recover these resources.

With respect to global warming, once the emissions implications of current economic growth in just the four CRIB countries are factored in, the numbers are inexorable. A vast reduction in carbon combustion and a massive increase in green energy production is the only future that has any choice of being sustainable.

Over the next ten years, it will become ever more apparent that the existing hydrocarbon based energy industry will be playing a game of last man standing in which the prize will go to the industry or the components of particular industries that are more efficient and more sustainable. The billions and billions of dollars involved in extracting and using the unconventional resources this committee is reviewing, these additional billions in externalized environmental costs that have so far accompanied such developments, will not be paid by a public that is struggling with both the costs of transitioning to a green economy and with the steadily accelerating costs of unprecedented climate change.


So far, the only industry that seems to recognize this fact, even if the recognition has been somewhat begrudging and incomplete, has been the coal industry. Perhaps because it has not been sheltered, as shale gas extraction has been, from the upsurge of public opposition to unsustainable energy generation, the industry is now developing a serious commitment to clean coal and trying to make deep subsurface C02 injection work. It is far too early to assess whether they will be successful in these efforts, but the fact they are starting to face their future in this manner is a welcome development. The
shale gas industry needs a similar epiphany if it is not to experience a brief burst of publicly subsidized splendor followed by a decline that leaves much of the American countryside an industrialized sacrifice zone.

Hopefully, the work of this Committee will represent a starting
point in that effort.

Thank You.

mercredi 1 décembre 2010

Lettre ouverte au président de l'UPA

Lettre ouverte au président de l'UPA, Monsieur Christian Lacasse

Monsieur le président, dans le dossier des gaz de schiste qui nous implique tous, je sais que vous avez à coeur l'intérêt de vos membres. Vous désirez les protéger, c'est pourquoi vous souhaitez conclure une entente-cadre avec cette industrie. Je crois cependant que l'implantation de cette industrie sur plus de la moitié des terres propices à l'agriculture au Québec est un enjeu vital non seulement pour vos membres, mais pour tous les Québécois. Nous devons tous prendre un temps de réflexion avant de choisir la voie qui convient.
L'exploitation des gaz de schiste se fera dans la partie sud de la vallée fertile du St-Laurent, où vos membres cultivent des sols qui produisent plus de 60 % des denrées alimentaires du Québec. Cette situation est unique, elle n'existe ni aux États-Unis, ni ailleurs dans le monde. L'exploitation des gaz de schiste vise essentiellement le coeur agricole du Québec. Vous savez comme moi qu'il n'y a pas d'autres terres productives au Québec que celles cultivées par vos membres.
Comme nous, vous avez été mis face au fait accompli devant les forages qui se multipliaient dans la Vallée du St-Laurent. Afin de défendre les intérêts de vos membres, vous avez voulu négocier des compensations équitables. Le mot compensation est utilisé puisqu'il s'agit de montants financiers alloués pour des inconvénients et des risques. Certains des inconvénients peuvent être quantifiés, mais de nombreux risques ne peuvent l'être comme un déversement d'eau de fracturation, de produits chimiques nocifs, la contamination d'un puits ou d'une nappe phréatique. Vous savez comme moi qu'il n'y a pas de compensation qui puisse redonner une valeur à une eau contaminée, à une terre polluée.
Je sais que les agriculteurs ont une vie de travail fort remplie, que les revenus ne sont pas toujours au rendez-vous et qu'un de leurs bonheurs est cette vie choisie dans le milieu rural. Pensez-vous réellement que le passage journalier de dizaines, voire de centaines de camions, les odeurs et les bruits les inciteront davantage à demeurer sur leurs terres? Et c'est sans compter que le territoire sera quadrillé d'un réseau de gazoducs. Quelle sera la qualité de leur production agricole dans un milieu continuellement bouleversé par l'implantation de sites de forages?
Quelle peut-être la compensation possible pour une telle perte de qualité de vie? Vous espérez que des redevances vous seront attribuées. Bien sûr, si c'était le cas, ces redevances pourraient aider les agriculteurs à demeurer sur leurs terres. Vous savez cependant comme moi, et la ministre l'a affirmé, que la clause d'expropriation de la loi des mines sera reconduite dans la loi sur les hydrocarbures. La ministre jure qu'elle ne sera jamais utilisée. Pourquoi la maintenir alors? Cette clause ne peut que vous contraindre à négocier à la baisse redevances et compensations. Déjà l'industrie réclame des redevances plus basses. Ces redevances, à juste titre, les municipalités et les MRC en veulent leur part. À l'encontre de l'industrie et de ses alliées, des économistes affirment que les bénéfices de cette exploitation ne seront pas très élevés. Croyez-vous véritablement que ce sera le pactole pour vous et tous ceux qui auront à subir tous ces inconvénients et de possibles accidents écologiques? Au mieux, vous recevrez des compensations pour les pertes de production. En cas d'incident ou d'accident écologique, les recours seront difficiles et je ne crois pas que même si elles existaient, ces compensations pourraient vous faire retrouver l'état antérieur.
L'état antérieur, pensons-y. La vallée du St-Laurent est le berceau de la culture et de l'occupation du sol au Québec. Elle n'a pas seulement une valeur économique primordiale, elle possède une valeur symbolique incontournable. Il n'y aura pas de retour possible à l'état antérieur.
La pression de l'industrie est déjà grande sur la vallée du St-Laurent, le gouvernement et sur vous. L'industrie n'a pas seulement amorcé l'implantation de puits sur vos terres, elle a étendu son influence au sein de la machine gouvernementale. L'exploration, qui est aussi une mise en production de puits, s'accélérera et ce ne sont pas des dizaines, ni même des centaines de puits qui seront forés sur le territoire agricole du Québec, mais des milliers, et ce, à des distances relativement rapprochées. Plus l'industrialisation de vos terres s'accroîtra, plus l'industrie des gaz de schiste pourra faire pression sur vous, sur le gouvernement et sur les municipalités. On vous parle de réglementation, mais qui parle de réglementation parle aussi de son application. Le ministère des Ressources naturelles n'a pas la crédibilité nécessaire pour une application stricte de cette réglementation puisque son préjugé favorable à l'industrie transparaît dans tous ses documents et ses actions. La ministre des Ressources naturelles a indiqué qu'elle voulait créer un guichet unique, une agence comme en Colombie britannique, pour favoriser la croissance rapide de l'industrie. Qu'en sera-t-il alors du contrôle réglementaire, même si le ou les règlements étaient les meilleurs du monde? Et même dans cette éventualité, l'exploitation des gaz de schiste nécessite tant d'opérations, utilise tant de produits chimiques, rejette tant de liquides pollués qu'il en restera toujours quelque chose dans l'eau et le sol.
Depuis des années l'urbanisation et l'industrialisation ont causé des pertes de terres agricoles. Or celles-ci ne représentent que 2% du territoire québécois. Nous devons tenir compte de la valeur inestimable de ces terres pour la collectivité québécoise. En effet, des conditions de vie altérées peuvent inciter les agriculteurs à quitter l'agriculture et des terres souillées compromettront la valeur de leurs biens. Ces risques sont-ils vraiment quantifiables? Peut-on réellement donner une valeur à ce qui constitue le joyau agricole du Québec? Lorsqu'un bien est indispensable, a-t-il vraiment une valeur?
C'est la question que se posent de nombreux Québécois. Vos membres ne sont pas les seuls qui se préoccupent de la question de l'agriculture au Québec. Beaucoup de Québécois sont fiers de leur agriculture et de son évolution récente qui mise sur l'innovation et la qualité des produits. Qu'en sera-t-il de la perception de la qualité des aliments produits par vos membres sur ces terres devenues à risque? Je ne le dis pas comme une menace, comme cette ministre qui brandissait le scalpel au dessus du réseau des garderies, je le dis un noeud dans la gorge, car je ne veux pas que cela se produise. Il en va de notre souveraineté alimentaire. L'industrialisation de vos terres est un risque non négligeable et difficilement quantifiable pour cette agriculture durable que vous souhaitez comme nous mettre en valeur.
C'est donc une part substantielle de l'avenir de l'agriculture qui est entre vos mains. Personnellement, je ne crois pas que l'industrialisation de vos terres par une exploitation aussi invasive que celle des gaz de schiste puisse apporter des bénéfices à long terme à l'agriculture au Québec. Je vous demande de bien vous informer auprès de groupes de citoyens qui ont fouillé la question en profondeur avant de vous avancer plus avant dans cette direction. La seule question de l'expropriation devrait vous mettre en alerte. Est-ce à dire que si vos membres refusiez de négocier avec l'industrie qu'une partie du territoire agricole du Québec pourrait être expropriée? Vous savez comme moi que cette clause d'expropriation est inique et absurde. En Ontario, une leçon de civilisation a été comprise. L'Ontario – si souvent donné en exemple il y a quelques années — a interdit l'exploitation de mines sur les territoires habités du sud de la province. Le gouvernement de l'Ontario a compris que l'on ne pouvait imposer à une population tous les impacts de l'exploitation minière. Dans tous les cas, cette approbation doit être nécessaire et consentie en toute liberté. Ici, des intérêts insistants et un manque de vision à long terme mènent le gouvernement à des décisions inquiétantes. Il en va non seulement de vos droits et libertés, mais des nôtres. Il faudrait, pour qu'il y ait véritablement négociation, que la clause d'expropriation soit abolie et que les droits miniers vous reviennent. À cette condition, le jeu en vaudrait peut-être la chandelle. De nombreux agriculteurs pourraient devenirs très riches. Mais, vous le voyez actuellement par l'attitude du gouvernement, de l'industrie et de ses alliés, muets sur cette question, cela n'arrivera jamais. Alors, à quoi bon bouleverser la vie agricole pour une ou deux générations pour des sommes qui ne seront que des compensations à des risques et des impacts environnementaux dont certains sont difficilement mesurables. Le principe de précaution s'applique et doit nous inciter à une extrême prudence.
Cette semaine, la ville de Pittsburgh a décrété l'interdiction de l'exploitation gazière sur son territoire. Les hommes et les femmes qui ont pris cette décision, ou ceux qui ont pris la décision de ne pas autoriser de forage sur les terres du réservoir naturel d'eau la Ville de New York, sont des citoyens sensés et responsables. Demander un moratoire, émettre des doutes sérieux sur les bienfaits de cette exploitation sur vos terres ou nême demander l'exclusion du territoire agricole ne fera pas de vous, ni de moi, un écologiste extrémiste, un irréaliste alarmiste, un opposant irrévocable de l'enrichissement économique, un défenseur de l'augmentation de la dette, ni un opposant inconditionnel à l'exploitation des gaz de schiste. Je crois que nous devons prendre nos responsabilités pour nous et les générations futures qui devront elles aussi posséder la terre. La terre comme nous aura toujours besoin de ses agriculteurs et l'industrie trouvera ailleurs qu'à Pittsburgh ou sur les meilleurs sols agricoles du Québec ses profits.
Je vous prie donc monsieur le président de prendre en considération de telles questions pour en arriver à une conclusion claire et certaine qui non seulement touche tous les agriculteurs, mais l'ensemble de la population du Québec et son devenir.


Claude Paré

dimanche 3 octobre 2010

Quelques questions au Bape

Questions au BAPE par un simple citoyen

Chers membres de la commission du Bape chargé d'étudier les impacts environnementaux des gaz de schiste, je vous fais part publiquement de quelques-unes de mes interrogations.

— Comment le BAPE entend-il spécifier les impacts environnementaux de l'exploitation des gaz de schiste en quatre mois alors que l'EPA américaine (Environnement Protection Agency) qui a débuté ses travaux au printemps 2010 ne remettra son rapport sur le même sujet qu'en 2012? Le BAPE dispose-t-il de plus de moyens que l'EPA?

— Le BAPE entend-il étudier sur le terrain les multiples problèmes qu'a causés l'industrie des gaz de schiste en Alberta, en Pennsylvanie et ailleurs aux États-Unis? Entend-elle se rendre sur place pour entendre les citoyens touchés par ces problèmes?

— Le BAPE entend-il poser les différences de situation entre la Colombie-Britannique où l'exploitation des gaz de schistes se fait dans des forêts inhabitées du nord-est de cette province et dans le Québec où elle se ferait en grande partie dans la plaine fertile du St-Laurent, où se trouvent les meilleurs et les plus nombreuses terres agricoles du Québec?

— Le BAPE entend-il mener à lui seul des études géologiques sur la fissuration des sols à long terme suites aux multiples explosions contrôlées (stimulations) par l'éjection sous pression d'eau et de différents composés. Alors que ces études n'existent pas pour le Québec et qu'elles sont rares en général, entend-il être capable de les commander, de les étudier et de les commenter en quatre mois seulement?

— Dans le rapport présenté aux autorités de New York,i on faisait état de fractures latérales entre les couches géologiques découvertes lors de creusage de tunnel d'acheminement de l'eau ou de tunnels, et ce, partout aux États-Unis. Il a été prouvé que les fluides sous-terrains traversent ces fractures. Comment le Bape pourra-t-il garantir que les tonnes de produits chimiques laissées dans les poches d'exploitation de gaz après les multiples fracturations des puits ne migreront pas à long terme vers les nappes aquifères, spoliant l'eau de consommation et de culture, et ultimement les aliments issus de ces cultures? Étant donné que de telles études sur la fissuration et la migration des gaz et de l'eau après fracturation sont très rares, le principe de précaution n'impliquerait-il pas un arrêt immédiat des forages d'exploration?

— Étant donné que les produits de fracturation varient pour chaque forage, le BAPE exigera-t-il la composition réelle et exacte des produits ajoutés lors de chaque forage déjà réalisé au Québec ou à réaliser, y compris les produits qui sont protégés par brevets?

— Le BAPE entend-il étudier la cohérence de la position gouvernementale favorisant l'exploitation des gaz de schiste en regard avec sa politique de développement durable? Quantifiera-t-il l'impact économique de toutes les altérations à l'environnement afin de pouvoir les imputer aux gazières, et ce à long terme?

— Dans un rapport produit pour les autorités de New York, on estimait qu'étant donné la quantité en tonnes émises de produits de fracturation annuellement dans les cours d'eau entourant la ville de New York, il existait un risque réel de contamination de l'eau potable à court et à moyen terme. Pourquoi en serait-il autrement dans les bassins versants du Richelieu, par exemple?

— Dans le même rapport on décrivait ainsi les impacts globaux pour 6000 puits forés et refracturés aux 5 ans : 4,000,000 de tonnes de fluides de fracturation, 27,000,000 de tonnes de résidus liquides éjectés après fracturation, 230 à 340 tonnes de fluides de fracturation par jour à recycler et à éliminer, et 7,200,000 voyages de camion pour transporter tous ces liquides. Le Bape pourra-t-il fournir en quatre mois des chiffres précis sur les volumes estimés pour chaque région et pour l'ensemble des basses terres du St-Laurent?

— Une étude du qui avait analysé les fluides de fracturation utilisés aux États-Unis estimait qu'une bonne partie de ceux-ci pouvaient provoquer des maladies comme le cancer, des maladies du système nerveux et du système de reproduction. Comment et pourquoi le Bape pourrait-il disposer d'études à long terme pour le Québec alors que l'exploitation n'est pas encore commencée? Sur quelles études le Bape s'appuiera-t-il pour répondre à cette question? Et quelles sont les garanties que le Bape donnera qu'à long terme la santé des populations habitant sur les terres exploitées ne sera pas affectée ainsi que celle de tous les habitants des régions dont l'approvisionnement d'eau dépend des bassins versants de ces régions?

— Le Bape garantira-t-elle aux agriculteurs et aux habitants des régions visées un approvisionnement d'eau suffisant, étant donné les millions de tonnes d'eau nécessaires à la fracturation de chaque puits, plusieurs fois durant leur durée de vie,pour des milliers de puits, et ce, dans un contexte de réchauffement climatique?

—Le BAPE se penchera-t-il sur l'application de la loi des mines dans un espace agricole et la modifiaciton nécessaire de celle-ci?

— D'après vous, existe-t-il d'autres états où l'exploitation des gaz de schiste s'est faite sur la principale région dédiée à l'agriculture de cet état? Quelles en seront les conséquences pour l'ensemble du Québec? Le calcul de risque de spoliation de l'eau et de l'air, les modifications de l'habitat ne doivent-elles pas être calculées globalement, en fonction de l'impact possible sur l'ensemble du Québec et non par régions?

— Le BAPE garantira-t-il à long terme à la population locale et agricole que leurs terres et leurs biens ne seront pas dévalués par spoliation environnementale ( sur une durée de trente à soixante-dix années)?

— Quel mécanisme le Bape entend-il proposer pour compenser les habitants des régions visées en cas de catastrophe ou de dégradation de l'environnement? Et ce, à long terme, une fois que les gazières auront quitté les régions d'exploitation?

— De multiples questions se posent sur la qualité de l'air, l'utilisation de l'eau, le recyclage des fluides de fracturation, comment sans tromper la population le Bape entend-il répondre à toutes ces questions en quatre mois? Un tel exercice conduit dans de délais si courts ne risque -t-il pas de miner la réputation du Bape, autrefois considéré comme une référence en terme d'évaluation environnementale? Dans ces conditions les membres de cette commission du Bape ne devraient-ils demander immédiatement un moratoire, le temps pour eux d'accomplir une véritable étude sur tous les impacts de l'exploitation des gaz de schistes?

— Enfin, est-ce que les commissaires accepteraient que dans leur cour s'érige un puits de forage et que des représentants de compagnies minières les menacent d'expropriation en cas de découverte de gisement?

— Suis-je un environnementaliste ou quelqu'un qui s'inquiète à juste titre des conséquences d'une activité minière intensive sur les meilleurs sols agricoles du Québec pour l'exploitation d'une énergie intermédiaire non renouvelable?

Claude Paré, le 3 octobre 2010

samedi 2 octobre 2010

La stratégie de la petite salle

Le 28 septembre, j'étais là hier au milieu de ces gens de St-Hyacinthe en danger se faire voler leur territoire, leur passé et leur futur, leur vie construite dans un milieu prêt à être saccagé. Ceux qui les agressent sur leurs terres, par une stratégie habilement élaborée, ont réussi à se faire passer pour les agressés. Les médias ont encore une fois insisté sur la figure de Cailllé, vaillant capitaine luttant au sein d'une assemblée houleuse...
Je me suis tout d'abord approché de la grande salle. J'y ai entendu clairement la brillante question de Christian Vanasse. Dans le corridor se tenait le journaliste de Radio-Canada et la journaliste de TVA qui allait et venait. Dans la salle, en plein désespoir, ils étaient là les groupes « organisés ». La grande majorité des mains claquaient aux longs préambules de citoyens de la région qui étaient autant de questions sur l'éthique, l'intégrité, le respect du citoyen et de l'environnement. Le lendemain c'est de ce bruit dans l'information « pure » dont a parlé André Caillé dans les médias. Notre figure de proue faisait face à un Benoit Dutrisac ou à un autre journaliste sous-informé, incapable de lui demander pourquoi il appelait « groupes organisés » de simples citoyens qui spontanément avaient formé des associations pour réagir aux agissements inquiétants des compagnies. Les firmes de communication qui conseillent les industriels, où travaillent des membres de la famille libérale, n'ont pas compris que les citoyens des campagnes peuvent, de nos jours, s'informer rapidement sur une situation et qu'ils ne sont pas de simples paysans. Et ce, au même moment où les médias ne semblent pas disposer de recherchistes pour transmettre à leurs animateurs le contenu de véritables questions. Sans être journaliste ni enquêteur, il ne m'a pas fallu longtemps, en longeant les corridors, en questionnant quelques « locaux » pour apprendre que des compagnies à la transparence de cristal les menaçaient d'expropriation, qu'ils agissaient de façon vraiment cavalière.
Hier soir, l'industrie était là pour faire sa promotion. Les journalistes, les médias (on dirait d'information) ont gobé la stratégie de l'industrie. Ils ont qualifié de soirée d'information un pitch de vente qui voulait démontrer que l'industrie est transparente, que ses méthodes sont au point et presque sans risques. Mais cette noble mission de transparence est entravée par des opposants, toujours les mêmes, de fortes gueules qu'il faudra mâter. À la même émission de Dutrisac ou à l'émission de Maisonneuve on oubliera de faire préciser à André Caillé que les opposants ne sont pas nécessairement opposés à l'exploitation, mais qu'ils demandent avant tout un moratoire.
À un moment donné de la soirée, j'ai vu une porte s'ouvrir plusieurs fois. Je ne comprenais pas qu'une autre réunion puisse se tenir dans une atmosphère aussi éprouvante. On n’entrait pas facilement dans la petite salle. Il y avait une serrure, mais quand quelqu'on sortait on pouvait y pénétrer. La petite salle n'était pas tellement pleine, mais plus calme. Les questions étaient aussi inquiètes, mais moins politiques et les réponses se voulaient une démonstration de la maîtrise technique de l'industrie. Une seule fois un panéliste a exprimé l'opinion que l'acceptabilité de ce genre de projet dépendant des préoccupations de la population! Stratégie gagnante? Par la stratégie de la petite salle, pour les capitaines d'industrie, il fallait faire la démonstration que les vrais citoyens peuvent entendre les réponses de l' industrie et que ce sont les groupes organisés qui empêchent le dialogue. C'est pourquoi prétextant une atteinte à sa sécurité, André Caillé s'est esquivé de la grande salle au début de la soirée. Le lendemain, il témoignera en toute candeur du calme propre à la communication qui s'empare des petits cénacles bien contrôlés. Si on se demandait pourquoi l'industrie avait eu la générosité d'ajouter deux cents places assises dans la grande salle, c'était tout simplement pour pouvoir affirmer aux médias qu'il y avait un dialogue possible dans les petites salles. Et que des opposants étaient potentiellement violents. Que le désir de transparence de l'industrie était définitivement compromis par ces écologistes qui ne veulent rien savoir. À quelques jours de là, un de nos grands politicologues avait exprimé l'opinion que les écologistes étaient les nouveaux curés d'une nouvelle religion. Les curés et les membres de leurs sectes étaient là, officiant la messe barbare de l'anticapitalisme. À Radio-Canada ce soir-là, le journaliste a bien parlé d'une assemblée formée de citoyens, mais n'a pu, au contraire desjournalistes de l'écrit, faire entendre leurs questions, seulement des hurlements « émotifs ». Ils hurlaient bien sûr, pas tous aussi magnifiquement que Vaillancourt, cependant.
La stratégie de communication des gazières passait par la petite salle. L'expérience dite de la « petite salle » vise à démonter que l'industrie cherche à tout prix à communiquer et qu'elle est empêchée par les mauvais garçons organisés. Oui, l'atmosphère était à couper le souffle dans la grande salle en partie parce que les médias sont incapables de relayer les questions des citoyens et que probablement ils n'ont pas les moyens, les pauvres ( le lendemain on diffusait à Désautels un bon petit reportage sur la hauteur du filet à balles d'un terrain de golf qui empiète sur la zone verte - que de courage pour cette société d'État que l'on qualifie à l'extérieur de Montréal de Montréalocentriste – il est vrai que St-Hyacinthe, ce n'est pas à Montréal) d'aller sur place pour montrer et nommer la réalité. Pourtant, au coeur de ce gâchis «médiatique?» il y a un plan de communication qui semble partagé par un gourvernement en mal de légitimité et de gouvernance. Notre vaillant capitaine ( Le Devoir surtitrait : Gaz de schiste : Dernière épreuve pour André Caillé) l'a lui-même exprimé : une fois la phase principale d'information où l'industrie démontre qu'elle n'agit pas en catimini, le miniBape ( ou pseudoBape) prendra le relais. Pendant ce temps, l'industrie fera des réunions dans de petites salles. Elle ciblera probablement des agriculteurs ou des gens susceptibles par manque de moyens financiers ou par simple appât du gain de leur louer leurs terrains. Les annonces seront locales, les médias « nationaux » qui ont déjà de la difficulté à exposer les problèmes de ceux qui affrontent l'industrie ne s'y intéresseront pas justement parce qu'il y aura peu de chahut. L'industrie n'a pas besoin du support de toute la population, seulement de quelques citoyens et de quelques élus. Les opposants ont été identifiés, on pourra les laisser poiroter à l'extérieur. Ils agiteront des pancartes, cela fera peut-être des reportages ou simplement des images. Bien sûr on les reverra au Bape tous ces gueulards, on parlera d'un débat technique, puisque la raison, le calme est du côté de l'industrie. Celui-ci, heureusement pour l'industrie, sera bref et contrôlé. Les médias nous présenteront le pour et le contre. On fera quelques petits exercices de démocratie confrontative de trois minutes debout au téléjournal de 18 heures à Radio-Canada. Certains commentateurs iront de leurs propos démagogiques - devinez lesquels –, je crois qu'il s'agit d'un groupe de presse très proche de Radio-Canada - sur le manque de compréhension de l'entrepreneurhip des Québécois. On reviendra sur la question de l'omniprésence sacerdotale des écolos à l'eau bénite ou madame Bombardier nous invectivera d'une autre de nos dérives post-relgieuses prolongeant sans le savoir notre indécrottable et noirci inconscient duplessiste et en fin de compte misogyne. Dans toute cette histoire, il faudra que les médias sortent de leur train train quotidien de comptes rendus des actions des corporations et des gouvernements. Qu'ils relaient la parole des citoyens si on ne veut pas que ça aille vraiment mal. Comme le gouvernement est incapable d'entendre la parole de ceux qu'il est censé diriger dans les méandres de ses «Grands Projets », il faudra que les médias analysent la stratégie de désinformation de l'industrie. Et aux animateurs qui ne savent pas quelles questions poser en voici quelques-unes :
— Le gouvernement a donné au Bap un mandat de quatre mois pour étudier la question des gaz de schiste, aux États-Unis la EPA a commencé ses travaux sur la même question au printemps de cette année et compte remettre son rapport en 2012. Comment le Bape pourra-telle accomplir en quatre mois ce que l'EPA pourra difficilement accomplir en 2 ans?
—Le gouvernement de New York a demandé un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste, si un gouvernement d'un état américain fortement capitaliste est capable de demander un tel moratoire pourquoi l'état québécois ne le pourrait-il pas?
— Un moratoire a été promulgué dans l'estuaire du St-Laurent suite à de longues analyses environnementales. Pourquoi la vallée du st Laurent, berceau de la colonisation du Québec et du Canada, milieu complexe où ont lieu de multiples activités humaines, ne demanderait-il pas que l'on prenne le temps d'évaluer l'impact d'une industrie dont on ne connait pas encore tous les tenants et aboutissants?
Pour un animateur de Radio-Canada : —Dans un reportage d'une de nos émissions un expert géologue a affirmé qu'il n'existait pas d'études à long terme sur les risques de fissuration des strates rocheuses provoquée par l'exploitation des gaz de schiste, comme le Bape entend-il les produire en quatre mois, et ce, sans se rendre aux États-Unis?
Etc...